Colloque Education Inclusive dans les Lycées Français à l’Etranger · Nov 2018 · Rapport

En novembre 2018, Aledas·Barcelone a organisé un 1er colloque international sur l’Éducation inclusive dans les Lycées français à l’étranger.

L’objectif de ce 1er colloque était de créer moment d’échange entre directions, professeurs, personnel médical, parents et APE des Lycées Français (LF) à l’Etranger sur les bons procédés déjà mis en place un peu partout dans le monde. Il a réuni ainsi plus de 165 personnes, autant de l’école que des familles, venant d’Europe mais aussi d’autres parties du monde (Afrique, Australie, Asie) et a permis un réel échange entre les parties autour des tables rondes et ateliers. Il en est ressorti 2 points essentiels qui doivent être améliorés au sein des établissements comme des APE :

  • La communication facilitée et plus d’échanges entre parents, au sein des écoles mais aussi entre parents et leurs écoles respectives;
  • Le besoin de formation des parents et du corps enseignant sur les troubles des apprentissages, les moyens d’aides à l’Enfant à Besoin Éducatif Particulier (EBEP) en classe comme à la maison, ainsi les nouveaux outils technologiques permettant d’aider EBEP, parents/professeurs.

Dans les différents lycées de l’étranger, beaucoup de projets sont nés suite à cet échange. Les relations parents-écoles se sont renforcées autour d’un axe de confiance et de respect tenant compte des disciplines, des responsabilités de chacun mais aussi des contraintes. Ainsi sont nées de nouvelles commissions Aledas ou EBEP.

Le prochain colloque, déjà programmé en mars 2020, sera organisé par le LF de Bruxelles et la commission Aledas·Bruxelles de l’UPE (Union des Parents d’Élèves du LF de Bruxelles).

Ci-dessous, vous trouverez un résumé des points principaux abordés lors de ces 2 jours, ainsi que tous les liens vers les différentes présentations (PowerPoint et enregistrements vidéos).

Nous vous souhaitons une bonne lecture.

Émilie Alonso, Marie Galland, Renaud Leberre et Sabine Van Caillie (Aledas·Barcelone)


PROGRAMME : programme détaillé et liste des intervenants


Introduction

  • Laure Barthelemy et Sabine Van Caillie (fondatrices d’ALEDAS) ont rappelé l’origine d’ALEDAS et les 3 axes de travail de cette commission. Sabine Van Caillie a informé que ce colloque devait se dérouler dans la bienveillance et le respect de tous.
  • Dominique Duthel (proviseur du lycée Français de Barcelone) qui a accueilli au sein de son établissement le colloque. Il rappelle l’importance du travail collectif (parents, professeur et administration) mais souhaite aujourd’hui avec l’intervention de scientifiques de prendre un peu de hauteur et être plus performant.
  • Jean-Yves Lecomte (sénateur des français à l’étranger et parrain d’ALEDAS) : il rappelle l’importance de cette question dans tout le réseau des français à l’étranger.
  • Guylène Esnault (conseillère culturelle adjointe en charge des affaires scolaires à l’ambassade de France en Espagne) : le colloque de Barcelone se tient un mois après la conférence internationale tenue à Paris avec Jean Michel Blanquer (ministre de l’éducation nationale) sur cette même problématique. Un nouvel élan doit être pris afin de viser l’objectif d’une école de la république pleinement inclusive en 2020. Elle rappelle que dans la majorité des établissements français à Espagne la question de l’inclusion est prise en compte avec des très belles initiatives. Il faut simplifier le processus de scolarisation et rétablir une confiance.

Conférence d’ouverture

Conférence d’ouverture SERGE THOMAZET (chercheur au laboratoire ACTE, université Clermont Auvergne)

Dans un premier temps Mr Thomazet rappelle l’évolution commune dans quasi tous les pays occidentaux :

  • La première période est une période ségrégative (avant 1975) avec le placement des enfants à besoin éducatif particulier dans des établissements spécialisés. Approche plus médicale.
  • La deuxième période est une période intégrative (jusqu’aux années 1990) : loi de 1975 d’Orientation en faveur des personnes handicapées. On ne parle plus de d’enfants inadaptés et d’assistance mais d’enfants handicapés et de solidarité. Cette loi permet l’intégration de ces enfants dans les écoles normales. Pas de réelle intégration.
  • La troisième période est une période inclusive : Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances qui énonce désormais la notion de compensation du handicap. Mise en place de la MDPH. Cette loi rend obligatoire la scolarité à l’école sauf pour les enfants ayant un handicap mental lourd. Invitation à une pédagogie différenciée d’inspiration constructive et à l’appliquer à l’ensemble des élèves.

Dans un second temps, il rappelle en quoi consiste une école inclusive :

  • Définition de l’école inclusive : est une école qui permet à tous les élèves de réussir. C’est la même école pour tous tout en étant adaptée à chacun. L’école inclusive n’en est qu’à ses débuts. Le gouvernement veut absolument avancer sur le sujet car il est sociétal.
  • Différence entre établissement spécialisés, école inclusive et inclusion : l’école inclusive ne se réduit pas à l’inclusion. Rendre l’école inclusive va plus loin que l’inclusion et consiste en un changement de paradigme.
  • Intégration et école inclusive : il faut opérer des changements majeurs. Il existe un dilemme entre les anciens et nouveaux objectifs. Rupture avec les pratiques traditionnelles.
  • Repenser l’accessibilité pédagogique de l’école : il est demandé à l’enfant de s’adapter à l’école (intégration) et de l’autre côté, l’école doit s’adapter aux besoins des enfants (école inclusive). Les élèves risquent de se retrouver en difficultés à l’école ordinaire si des dispositions particulières ne sont pas mises en œuvre pour favoriser leur accès à l’école et aux apprentissages.
  • Travailler en partenariat : faire travailler ensemble des professionnels du monde de l’accompagnement.
  • Ecole ordinaire : on a atteint les limites d’un système. Souffrance des professeurs. Les solutions doivent être organisationnelle. Il faut changer l’organisation des établissements pour accueillir la différence.
  • Passer des besoins de l’enfant aux besoins de l’école : accueil des enfants sans changer son fonctionnement. Dépasser le pragmatisme intégratif pour s’interroger sur l’organisation de l’école afin de la rendre à même de répondre aux besoins de tous les élèves qui la fréquentent.
  • Classes ordinaires ou aides spécialisées : il faut passer de la compensation à l’accessibilité.

Construire des inter-métiers : confrontation des spécialistes, discuter ensemble afin de trouver des réponses aux besoins des enfants et des professionnelles.


TABLE RONDE · ECOLE

En introduction, Mr Thomazet fait un tour des différentes conférences et de l’évolution des pays occidentaux.


Alain Trintignac (AEFE) et Dominique Collado (MLF) nous ont présenté l’Observatoire des Elèves à Besoins Educatifs Particuliers ainsi que leurs objectifs dans les Lycées Français de l’Etranger, accompagné de Giuseppe Innocenti (IEN).


José PUIG, directeur de INSHEA


TABLE RONDE · PARENTS

Intervenants :

  • Émilie SCHLUMBERGER, neuro-pédiatre
  • François Xavier Cerda, orthopédagogue
  • Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne
  • Nathalie Groh : présidente de la Fédération Française des DYS
  • Virginie Royer : APE de Londres
  • Maud Huillet : Parent d’élève Zurich
  • Isabelle TARDE : administratrice FAPEE
  • Laure Barthelemy : modérateur et fondatrice ALEDAS · Barcelone
  • Emilie ALONSO : modérateur et membre ALEDAS · Barcelone

Du diagnostic au parcours de soin à l’étranger :

  • Les différences peuvent apparaitre très tôt, la demande de bilan peut être à la demande des parents ou de l’enseignant. Il faut faire une différence entre la difficulté passagère et la difficulté permanente.
  • Il faut repérer un professeur qui va pouvoir faire le lien.
  • Il faut faire un diagnostic (bilan complet, et pas que sur les fonctions cognitives) pour pouvoir aider l’enfant.

L’environnement social de l’enfant :

  • L’enfant peut cristalliser les conflits intrafamiliaux. Nous ne devons pas tout focaliser sur celui qui a besoin d’aide.
  • Création d’une communauté affective.
  • Il faudrait pouvoir confier la tâche des devoirs à une personne tiers.
  • Aménagement des devoirs.
  • Eviter la stigmatisation de l’enfant pour qu’il évolue sereinement auprès de ses camarades.

Accompagnement des parents – importance des associations :

  • La prise de responsabilité est un parcours déjà très difficile pour les parents.
  • Rythme décalé entre les 2 parents de l’enfant à besoin éducatif particulier.
  • Nécessite d’avoir dans chaque lycée une personne qui connaisse toutes les possibilités locales et françaises ;
  • Nécessité d’un enseignant ressource auprès duquel les autres enseignants pourraient demander conseil.
  • Création d’un poste de coordination (entre enseignants, thérapeutes, parents)

L’association peut aider à changer le regard du parent sur son enfant.


ATELIER · ADOLESCENTS

Cet atelier a été mis en place afin de recueillir les ressentis et vécus des élèves à besoins éducatifs particuliers étant scolarisés au Lycée Français de Barcelone. Une carte mentale sur-mesure a été créé afin de répertorier les différentes méthodes pédagogiques, l’environnement, les comportements qui les ont aidés ou non durant leur scolarité. A partir de ce recueil nous avons pu visualiser les améliorations que l’école pourrait apporter au sein de son fonctionnement pour être au plus près de leurs besoins éducatifs particuliers.

Les questionnements se sont focalisés à partir de trois niveaux : Vie familiale, Vie scolaire et Vie de classe.

Au niveau de la vie familiale, les élèves sont en demande d’avoir leurs propres outils d’organisation pour les devoirs, que les devoirs deviennent facultatifs et non une charge obligatoire. Ils mettent en avant que l’attitude bienveillante de leur parents et la compréhension de leurs difficultés les aide beaucoup au quotidien. Cependant, le manque d’information de la part de certains parents peut nuire à la compréhension et engendrer des incompréhensions entre les adolescents et leurs parents.

Au niveau de la vie scolaire, les élèves aimeraient davantage de réunions de sensibilisation au sujet du harcèlement. Selon eux, elles devraient être mise en place dès le primaire afin de sensibiliser dès le plus jeune âge les élèves, permettre plus de tolérance et de compréhension de la part des autres élèves afin que la différence ne soit plus synonyme de retrait. Une proposition temps d’échange porté avec des témoignages et un système de parrainage ont été proposé par les lycéens afin de responsabiliser d’avantage les plus jeunes vis-à-vis de leur comportement auprès de leur camarade et soutenir les élèves en difficulté. L’importance du soutien amical a été mis en avant pour soutenir moralement et verbalement les situations conflictuelles qui peuvent exister.  Enfin, il serait judicieux de proposer comme atelier fréquent des jeux de rôle en théâtre afin de mettre en situation tous les élèves.  

Au niveau de la vie classe, un certain nombre d’élèves et d’anciens élèves qui disposent de protocole ou qui disposaient d’un.  Il se dégage les points importants suivants :

La mise en place de protocole les aide et ils se sentent rassurés.  Ils veulent à la fois que les professeurs prennent en compte leurs difficultés d’apprentissage mais sans en faire des élèves particuliers. Ils valorisent les professeurs qui tiennent compte de leurs difficultés lors des évaluations. Ils souhaiteraient davantage de sensibilisation des professeurs aux besoin éducatifs particuliers.

En primaire, ils valorisent les dictées préparées par exemple en primaire et au collège et au lycée ils plébiscitent les cartes mentales mais aussi les études de cas autrement dit la pédagogie de projet. Les doubles taches comme la dictée d´un cours et les explications en même temps sont à éviter et les mettent globalement tous en difficulté. Ils ont besoin de support pédagogique comme des résumés ou des photocopies des cours. Les consignes doivent être claires et les devoir allégés en fonction de leurs difficultés d´apprentissage. En effet, le manque de consignes claires les déstabilise et ce manque les met dans des situations d´incertitudes voir même il peut être source d´angoisse. En général, ils se sentent bien intégrés dans la classe mais ils subissent parfois les réflexions de leurs pairs. Le risque de retrait est à souligner de la part des élèves en difficultés qui tentent de dissimuler leur handicap. Ils sont demandeur d´une attention personnalisée mais qu´elle ne soit pas focalisée sur eux seuls et ils regrettent que parfois les aménagements ne sont pas bien respectés et qu´ils manquent de temps pour finir leur travail ce qui génère chez eux du stress.


ATELIER · VIS MA VIE 


RESTITUTION DES TRAVAUX ET CONCLUSIONS

Les ateliers École et Ados n’ont pas été filmés mais les restitutions des travaux ont été présentés à la fin du colloque et filmées.

  • Restitution table ronde Parents
  • Restitution travaux Atelier École Primaire
  • Restitution travaux Atelier École Secondaire – 1er groupe
  • Restitution travaux Atelier École Secondaire – 2d groupe
  • Restitution travaux Atelier Ados
  • Conclusions : Un échange extrêmement riche pour tous les participants, très certainement à renouveler. Le prochain colloque, déjà programmé en mars 2020, sera organisé par le LF de Bruxelles et la commission Aledas·Bruxelles de l’UPE (Union des Parents d’Élèves du LF de Bruxelles). Il aura comme objectifs des ateliers d’échanges sur les bons procédés et ressources mis en place par les écoles et par les APE mais aussi sera dédié aux ressources numériques pour les EBEP, que ce soit à l’école comme à la maison, ceci permettant de répondre en partie aux besoins identifiés en priorité lors du premier colloque.