Une enseignante de primaire découvre la dyspraxie et le travail avec l’AVS.

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La scolarisation des enfants DYS en milieu ordinaire présente des difficultés de plusieurs ordres pour le corps enseignant. Découvrons-en quelques unes à travers des témoignages réunis sur le site d’un spécialiste, le Dr Alain Pouhet (CHU de Poitiers) qui est aussi l’auteur du livre  : « S’adapter en classe à tous les élèves dys ». Éditions CRDP de Poitou Charentes, 2011.

Livre Alain Pouhet

Voici celui d’une enseignante qui découvre la dyspraxie et le travail de l’AVS.

« Je savais que L., petite fille dyspraxique, serait en CE2 dans ma classe, avec la présence d’un AVS, 2 jours par semaine. Pendant son année de CE1, j’avais beaucoup échangé avec sa maîtresse d’alors qui découvrait la dyspraxie, se questionnait, expérimentait pour trouver ce qui pourrait aider L. à contourner ses difficultés.

Je profitais donc de tout ce travail en amont et pendant les grandes vacances, j’ai fait des recherches sur internet. Mais au lieu de me rassurer, les adaptations proposées me semblaient davantage applicables à un cycle 2 et plus difficiles à appliquer à un fonctionnement de classe de cycle 3 reposant sur l’étude de textes longs, et de textes « vrais » (étude de prospectus, de plans…) sur un travail en autonomie (plans de travail).

C’est donc avec beaucoup d’inquiétudes que j’ai abordé la rentrée:

– inquiétude de pas comprendre les difficultés que rencontrerait L.;

– inquiétude de ne pas savoir adapter suffisamment pour L.;

– inquiétude de trop adapter, ce qui pourrait nuire à son autonomie et à une dynamique de progrès;

– inquiétude de trop focaliser sur L. au détriment des autres enfants et de leurs besoins;

– inquiétude quant à mon rôle vis à vis de l’AVS, de sa place dans le groupe classe.

Mais cela était sans compter avec les rencontres de C., l’AVS, de L. et de ses parents.

La rencontre avec C. (AVS) fut rassurante, C. suivait déjà un enfant dyspraxique donc C. connaissait ce type de handicap et avait déjà bénéficié de formation sur le sujet.

Les parents de L. nous ont dit dès le jour de la rentrée, qu’ils faisaient totalement confiance à l’école, confiance qu’ils nous ont témoignée tout au long de l’année.

Et puis, j’ai découvert L., une enfant calme, très réservée, ayant beaucoup de volonté, voulant réussir. Je me suis vite rendue compte que L. ne demandait jamais d’aide tant pour l’organisation matérielle que pour le travail. Il fallait deviner ses besoins, son état de fatigue, ce qui devenait difficile les jours où il n’y avait pas l’AVS, car je devais physiquement être près d’elle, quasi en permanence, pour pallier à ses besoins. Ceci ne me permettait pas d’être aussi disponible auprès des autres enfants en difficultés, ce qui créait certaines tensions en classe.

Très vite, avec C., l’AVS, nous avons cherché une organisation matérielle, permettant une relative autonomie de L. lorsque C. était absente.

Puis, le premier contrat passé avec L. et ses parents fut qu’elle ose demander de l’aide, ose dire s’il fallait adapter davantage un document… L. a compris l’enjeu. La relation de confiance qui s’est instaurée entre nous, AVS, enseignante, élève, a permis à L. de vaincre sa timidité et d’être plus partie prenante dans ses apprentissages et dans la gestion matérielle. La vie de classe, devenait plus légère, certains élèves sont devenus des tuteurs de L. pour les tâches matérielles, les jours d’absence de l’AVS.

En revanche l’emploi du temps était toujours difficile à gérer. Les jours où l’ AVS n’était pas là, L. était tendue, anxieuse, se fatiguait vite. J’organisais l’emploi du temps en fonction de la nécessité de la présence de L’AVS pour L. , ce qui ne me donnait pas satisfaction par rapport au rythme donné à la semaine. En milieu d’année, les deux jours de présence de l’AVS ont été répartis sur quatre demi-journées. Ce rythme a beaucoup mieux convenu et à L. et à la classe. L’enseignement est devenu plus facile, le travail écrit mieux réparti, L. est devenue épanouie, plus autonome, a pris des initiatives, a osé davantage faire de choses, seule, y compris copier, car elle savait que la présence de l’AVS sur l’autre demi-journée compenserait un excès éventuel de fatigue.

Le plus difficile a été de trouver (et nous n’avons toujours pas trouvé !) une organisation spatiale satisfaisante pour tous, pour les moments avec et sans AVS:

– une place assise pour l’AVS à côté de L. sans gêner les autres élèves;

– une place pour l’ordinateur et l’imprimante de L.;

– L. devant être face au tableau, une place près des prises électriques (utilisation de l’ordinateur);

– le travail en petits groupes et le travail en grand groupe;

– L. pas trop loin des autres enfants en difficultés pour que je puisse aider chacun lorsqu’il n’y avait pas d’AVS.

Le bilan de cette année est très positif, L. a fait de gros progrès dans tous les domaines et a eu de très bons résultats scolaires. (Presque toutes les évaluations ont été réalisées en présence de l’AVS.)

C’était la première fois que j’avais l’occasion de travailler avec une AVS. Cela a été très enrichissant. Nous avons pu être efficaces rapidement vu que C. connaissait déjà le handicap, nous avons pu comprendre les difficultés de L. et adapter le travail dès la rentrée. La présence et la fonction de l’AVS ont été vite ressenties comme utiles et nécessaires par la maîtresse et tous les élèves et de ce fait, acceptées par tous. C. a été fort appréciée et de L. et des autres enfants qui n’hésitaient pas à se confier à elle ou à lui demander un coup de pouce.

Quant à la relation AVS/enseignante, elle s’est faite « naturellement » sur la base de la confiance, de la bienveillance… Cependant n’ayant pas eu de formation à ce sujet, je ne sais pas si j’ai « exploité » les compétences de C. au mieux pour L. et pour l’ensemble de la classe. »

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